Le récent avis rendu par le rapporteur public sur l’emblématique dossier de l’A69 nous a surpris, consternés et sidérés. Que les choses soient claires, nous, élus de la République, parlementaires, conseillers régionaux et départementaux, maires, adjoints et conseillers municipaux, défendons l’État de droit, dans lequel l’indépendance de la justice existe.
Alors qu’une décision de justice doit être prochainement rendue, un silence des élus du territoire aurait pu être interprété comme un soudain désintérêt pour la cause du désenclavement du sud du Tarn, voire une approbation tacite des arguments mis en avant pour un arrêt du chantier.
Nous constatons que la proposition du rapporteur public s’appuie sur une extrapolation de la vague et aléatoire notion de raison impérative d’intérêt public majeur. Les conditions de celle-ci ne seraient pas réunies car « gagner trente minutes de trajet » n’aurait pas d’importance, tout comme la sécurité supplémentaire apportée par l’autoroute ne justifierait pas sa réalisation, pas plus que les inquiétantes évolutions démographiques et économiques du bassin d’emploi ne devraient être prises en compte…
Nous sommes surpris que l’on s’appuie sur des arguments d’opportunité qui ont été tranchés par deux débats publics, une enquête d’utilité publique validée par le Conseil d’État, une inscription dans la loi d’orientation sur les mobilités… sachant que tous les recours en référé déposés par les opposants devant la justice administrative ont été déboutés.
Alors que le chantier est bien avancé et que 300 millions d’euros des crédits alloués au projet sont déjà engagés, il faudrait donc tout arrêter ? Détenant notre légitimité du suffrage universel et issus de différentes orientations politiques, nous sommes unanimement convaincus par l’A69.
Cette autoroute est essentielle pour le territoire parce que, au-delà du fait que Castres-Mazamet est la seule agglomération de près de 100000 habitants en France à ne pas en être dotée, l’évolution démographique, voire économique du sud du département, comparée à celle de la vallée du Tarn le long de l’A68, montre combien une artère fluide irrigue le développement d’un territoire. On peut aussi considérer que la sécurité n’est pas un enjeu majeur et que la mort de dix personnes en dix ans n’est pas un argument probant. Pour nous, c’est dix morts de trop !
Parce que nous pensons que l’arrêt du projet serait un terrible précédent qui dessinerait une incertitude juridique chronique pour tous les projets et réalisations d’intérêt public en France.
Parce que nous pensons que nous n’avons pas besoin d’un plan social supplémentaire qui laisserait plus de mille personnes sur le carreau.
Parce que nous pensons que l’annulation de ce chantier aurait un coût insupportable pour l’État (estimé à 1 milliard d’euros) et les collectivités sans résoudre le désenclavement du Sud-Tarn.
Parce que nous pensons que cette réalisation est vertueuse pour l’environnement, à travers des compensations écologiques nombreuses et planifiées qu’un arrêt du chantier annihilerait.
Parce que nous pensons que notre territoire est beau et qu’avec cette autoroute, il sera plus attractif encore pour permettre à nos enfants de mieux vivre au pays.
Parce que nous avons confiance en la sagesse de la justice de notre pays, qui ne peut rester sourde aux attentes de l’immense majorité de la population et de la quasi-totalité des élus du territoire.
Nous, élus du Tarn, réaffirmons notre soutien total à la vitale réalisation de l’A69.